Nous sommes entrés dans une ère caractérisée par l'incertitude et le changement permanent déjà qualifiée par certains experts économiques de « new normal ». Si les entreprises sont familières depuis longtemps du changement et des projets de transformation, elles le sont beaucoup moins en revanche d'une mutation en continu qui nécessite une adaptation non-stop.
Le quotidien est de plus en plus acrobatique. Les repères du passé n'ont plus cours. Plus rien n'est censé être, il faut se réinventer chaque jour. Les dirigeants et managers doivent intégrer que les crises ne sont plus cycliques mais constituent le nouvel état du monde. Demander aux collaborateurs de serrer les dents et d'en faire toujours plus, en attendant que la situation économique s'améliore est vain. Les pratiques managériales doivent évoluer avant que les équipes ne s'épuisent.
Beaucoup d'entreprises seront de moins en moins portées par la conjoncture. C'est désormais l'énergie des équipes qui peut les tirer vers le haut. Les managers n'ont plus d'autres choix que de miser sur leurs collaborateurs et de travailler activement sur la façon de dynamiser leurs équipes. La croissance se gagnera au prix de beaucoup d'efforts et, plus que jamais, c'est l'humain qui fera la différence.
Le contexte actuel exige une flexibilité et une inventivité accrues. Or, ce même contexte rend nos managers de moins en moins aptes à en faire preuve. Quand les imprévus et les urgences opérationnelles viennent en permanence contrarier ses plans et que l'usure le guette, comment le manager peut-il prendre du recul ? Comment peut-il tester de nouvelles idées et s'accorder le droit à l'erreur à un moment où il faut réussir coûte que coûte ? Comment jouer la confiance, être moins en contrôle lorsque l'inquiétude est à son apogée et que la hiérarchie exige des résultats rapides ?
La réussite managériale repose désormais sur cinq défis majeurs :
A défaut de pouvoir se projeter sur un « état futur désiré » (vision traditionnelle), il est urgent de construire avec ses équipes une « posture future désirée » (celle qui rendra son entreprise et ses équipes gagnantes dans ce monde imprévisible).
Cela suppose d'arrêter le rouleau compresseur actuel (contrôle, « reporting » permanent, projets tous azimuts), de mieux se centrer sur les bonnes batailles et… de prendre le temps de manager les émotions (notamment les pulsions négatives, sources de blocage de l'énergie dans la transformation) !
Aujourd'hui, faute de moyens financiers, il faut privilégier la « reconnaissance existentielle » (donner de l'importance à l'autre, parfois, avec un simple « bonjour » ou « merci ») et la « reconnaissance de l'investissement » (remercier l'implication et l'effort de l'autre). Bonne nouvelle, ça ne coûte pas cher !
Dans un climat morose ou comment nourrir la motivation intrinsèque des collaborateurs, celle qui s'appuie sur le plaisir, l'intérêt et l'envie de faire. A l'heure du repli sur soi et des difficultés accrues, cette motivation-là est un moteur clef pour l'entreprise. Cela ne concerne pas seulement la génération Y car c'est la génération X qui donne aujourd'hui le plus de signes d'essoufflement.
La vie du manager se rapproche de plus en plus de celle d'un athlète. A chacun de se construire sa propre discipline pour se préserver, être réactif et être capable d'innover, ce qu'exige notre époque.
Corinne Samama est associée au sein du cabinet Résonance Coaching. Elle vient de publier « Manager dans un monde sans visibilité. Cinq nouveaux défis à relever » (éd. Pearson - Village Mondial)
Publié Par Les Echos