Contrairement à l'assertion de Jacques Attali, ces fonds ne peuvent donc pas être utilisés uniquement pour la formation des demandeurs d'emploi.
A titre d'exemple, les entreprises constituent le principal financeur de la formation et de l'apprentissage (13,1 milliards d'euros). Ces fonds servent à financer la formation des salariés et des alternants. Mais depuis 2009, ils financent également une partie des formations des chômeurs via une cotisation spécifique qui varie entre 10 et 13% de leurs contributions " formation " chaque année.
Confusion ? Cette nouvelle déclaration de Jacques Attali intervient quelques jours après une tribune cosignée par l'un des candidats à la présidence du Medef, Pierre Gattaz (président du directoire du groupe Radiall et du groupe des fédérations industrielles), dans laquelle il exhorte les partenaires sociaux à "gérer de manière transparente et efficace les fonds de formation professionnelle", des fonds qu'il chiffre à "40 milliards d'euros"... Ici, la dépense de formation explose de 25%. Aurait-il confondu ce chiffre avec le coût des aides publiques aux entreprises en faveur de l'emploi que le COE (Conseil d'orientation pour l'emploi) vient précisément d'estimer à 40 milliards d'euros?
Par ailleurs, si la formation professionnelle et l'apprentissage pèsent près de 32 milliards, les partenaires sociaux en gère "seulement" 6,4 milliards à travers les Opca (organismes paritaires collecteurs agréés par l'Etat). Pour financer leur activité de gestionnaires des fonds et de développeurs des politiques de formation, les organisations patronales et syndicales perçoivent 80 millions d'euros calculés sur les collectes des Opca.
Pressions.Pour quelles raisons une dépense globale de la nation, provenant de sources disparates pour des publics et des objectifs divers, calculées sur des fonds de nature différentes (contributions uniquement patronales, cotisations sociales à la charge des employeurs et des salariés, aides publiques, exonérations de charges, porte-monnaie des particuliers...) génère-t-elle des critiques aussi sévères et autant de suspicion à l'égard des partenaires sociaux gestionnaires d'une petite part des 31,5 milliards ?
A quelques jours de l'ouverture de la deuxième édition de la Grande Conférence sociale qui donnera le Top départ à la réforme de la formation professionnelle et à la négociation nationale interprofessionnelle, ces analystes entendent sûrement " mettre " la pression à la fois sur l'Exécutif et sur les partenaires sociaux qui se déclarent pourtant prêts à revoir le financement du paritarisme de gestion de la formation professionnelle.
Valérie Grasset-Morel pour LEntreprise.com