Cela peut paraitre surprenant, mais râler tue, tout comme fumer, et seules les publicités contre la cigarette sont diffusées alors qu'il il serait tout aussi pertinent d'en faire de même pour râler avec des images chocs présentant des visages
- pâles
- tendus
- tristes
- agressifs
Car le visage du râleur est multiple, il peut se présenter comme
- une victime
- un sauveur
- ou encore comme persécuteur
Il y a d’ailleurs beaucoup de points communs entre les fumeurs et les râleurs.
Le matin, le fumeur doit d’abord fumer sa première cigarette avant de pouvoir démarrer sa journée, il la cherche, comme un drogué qui a besoin de sa dose.
Le râleur, tôt le matin, cherche la première occasion de se plaindre, de geindre, si l’actualité diffusée à la radio ne lui en donne pas l’occasion, c’est l’actualité de sa maison qui va s’en charger, sinon ce seront les transports en commun ou autre...
Tout comme le fumeur, il cherche l’occasion de râler et la trouve généralement. Et si par extraordinaire, l'actualité ne lui en donnait pas l'occasion alors l'un de ses premiers interlocuteurs de la journée a toutes les chances de faire l'objet de son ire.
Pourtant, quoi de neuf ce matin ?
- A la radio, c’est toujours la crise qui dure depuis une dizaine d'années maintenant
- A la maison, les enfants ont oublié, pour la énième fois, de reboucher le tube de dentifrice
- Sur la route, les chauffeurs de taxis et de bus pensent qu’ils sont les seuls légitimes à rouler et que les autres automobilistes devraient les laisser travailler en s'abstenant de rouler
- Dans les transports en commun, ce sont toujours les mêmes retards et les mêmes incivilités
Pourtant, j’entends souvent, à propos des râleurs, ce n’est pas grave :
- cela lui fait du bien de râler
- il râle certes, mais il fait quand même
- il râle, mais c’est une « crème », autrement dit, il n’est pas méchant
- il ne fait du mal à personne.
De la même façon, que nous avons mis un temps fou à comprendre que le fumeur fait des dégâts autour de lui tout autant qu’à lui, on tarde à comprendre que le râleur est aussi néfaste.
D’abord, le râleur crée de la tension autour de lui, ceux qui doivent le solliciter doivent d’abord passer le tir de barrage du râleur qui va sortir sa litanie habituelle
- de ce qui ne va pas
- du temps qu’il fait et qui n'est pas celui de la saison
- de la manière dont la demande lui a été faite
- Et j’en passe tant le râleur est capable d'innover dans le domaine
A telle enseigne que le demandeur va devoir se préparer psychologiquement avant de faire sa demande.
D’autres vont carrément l’éviter et préférer demander à d’autres personnes et déporter ainsi la charge de travail sur d’autres qui vont du coup avoir du mal à réaliser leur propre mission dans de bonnes conditions.
Le râleur joue à la victime, autour de lui se met en place automatiquement des sauveurs qui
- l’écoutent
- compatissent
- cherchent à le protéger
- le plaignent
Alors que le râleur n’a besoin en réalité que d’une chose: pouvoir râler pour exister !
Les conséquences de ce réseau social qui se met en place autour du râleur :
- Le sauveur du râleur qui devient un persécuteur de l’entreprise
- Les vérités de l’entreprises ne sont plus celles de la direction mais celles véhiculées par le râleur, amplifiées et déformées par son réseau
- Les points de focalisation de l’entreprise peuvent chanceler si la direction ne prend pas garde
Est-ce que pour autant, qu’il ne faut jamais râler ?
De temps en temps, cela fait évidemment du bien et je ne parle pas dans ce billet des râleurs occasionnels, mais des professionnels du genre.
Les râleurs occasionnels, nous le sommes tous, de temps en temps, nous en avons besoin pour évacuer le trop plein de tension.
On peut le faire en :
- faisant du sport
- s’offrant une séance de massage ou d'UV
- faisant une activité plaisante
- râlant de temps en temps
- poussant une vrai « gueulante » une bonne fois pour toute
- A chacun sa méthode
Ceci fait, généralement, nous retrouvons aussitôt notre efficacité.
En entreprise, l’efficacité commande d’être tourné solution.
Commenter le contexte, c’est excellent au café du coin, commenter le passé aussi d’ailleurs.
Seulement en entreprise, nous devons analyser le contexte, le partager entre collègues et trouver des solutions pour avancer et progresser.
Etre tourné solution, ne veut pas dire être toujours dans l’action, car trop d’action tue l’action aussi.
Il faut un temps pour l’analyse, un temps pour la planification, un temps pour l’action
Le râleur, fait perdre du temps sur tous ces temps, tellement nécessaires à l’efficacité
Le râleur souvent parce que ce n’est ni quelqu'un d'agressif, ni un vrai méchant, est accepté, voire encouragé en entreprise. Encouragé parce qu’il permet aussi, à certains, notamment les sauveurs, d’exister.
Je vous aurais prévenu, râler tue
Said AGBANRIN et toute l’équipe de MANEGERE